Depuis le 2e tour des élections municipales, plusieurs maires écologistes ont mis en lumière le débat autour de la 5G. Entre les affirmations de ses promoteurs et détracteurs, il faut s’appuyer sur des facteurs objectifs pour essayer d’y voir clair.

La première question est l’utilité de cette technologie. Le numérique ne se limite plus à la seule innovation technique mais s’invite dans notre vie quotidienne. La révolution annoncée par l’arrivée de la 5G concernera d’abord les entreprises et les professionnels avec notamment l’automatisation et l’optimisation de la blockchain. Elle permettra ainsi la généralisation massive des objets connectés dans nos maisons (domotique), les villes (smart city), la médecine (chirurgie à distance) ou encore sur les routes avec le développement de la voiture autonome. Toutes ces avancées seront possibles grâce à une bande passante dix fois plus importante que celle de la 4G. En améliorant sensiblement le débit, la 5G marque une rupture technologique majeure. 

Les perspectives offertes en font un outil de géopolitique et un terrain de concurrence féroce comme en témoigne le récent feuilleton entre les Etats-Unis et l’entreprise chinoise Huawei. En retardant la commercialisation de la 5G, la France confirme son retard numérique sur une scène internationale dominée par les GAFA et les BATX. Les opposants au déploiement de la 5G s’appuient sur le principe de précaution pour dénoncer une technologie qu’ils affirment être dangereuse. 

Revoilà un débat de fond qui surgit chaque fois que l’on parle d’une innovation. Avec à la clef une confusion majeure entre le danger et le risque. Le caractère dangereux en tant que tel n’est pas suffisant pour définir un élément. La foudre est un danger. Mais sans s’y exposer, c’est-à-dire en évitant un soir d’orage les lieux susceptibles d’être exposés à la foudre, comme un arbre ou une maison sans paratonnerre, le caractère dangereux de la foudre disparaît. Tout comme l’électricité qui présente un danger en soi mais dont le risque est bien géré avec des normes réglementaires et des conditions d’usages très strictes. Il en va de même pour la 5G ; c’est bien l’exposition qui est la clé pour en évaluer le risque. 

Des seuils sont fixés par les autorités compétentes. L’Agence Nationale des Fréquences (ANFR) interdit de dépasser 61 volt par mètre (V/m) sur les antennes relais pour la 3G et la 4G. Et la 5G ne changera pas ces limites. « Les téléphones qui seront compatibles avec la 5G n’émettront pas davantage d’ondes que les smartphones actuels, qui se situent sous les seuils réglementaires » selon l’ANFR. S’agissant des antennes relais, « le seuil fixé par la 5G est le même que pour la 4G et il n’est jamais atteint actuellement. » 

Pour renforcer la prévention au plan sanitaire, l’exposition aux champs électromagnétiques est aussi encadrée. C’est la mission de l’Icnirp (International Commission on Non-Ionizing Radiation Protection). Composée d’experts scientifiques indépendants, cette commission détermine le niveau d’exposition à partir duquel il est possible d’observer le premier effet ayant des conséquences néfastes sur l’organisme. Conscient des incertitudes scientifiques potentielles, un « facteur sécurité » est appliqué. Concrètement, la valeur retenue est 50 fois supérieur à la limite réelle. L’objectif est de garantir la santé des usagers et riverains.

Comme souvent en matière de technologie, le principe d’innovation est un allié précieux du principe de précaution. La France lance ce 29 septembre le processus d’attribution des premières fréquences 5G. Reportées pour cause de crise sanitaire, ces enchères vont permettre aux opérateurs téléphoniques (Orange, Bouygues, SFR, Free) de se préparer à offrir à leurs clients un accès à la 5G dans quelques villes d’ici la fin de l’année. A la clé : de nouveaux services bénéfiques aux Hommes.