La mondialisation est-elle vraiment responsable de la pandémie liée au Covid-19 ? A première vue, cette dernière serait un signe avant-coureur de la crise climatique et de la perte de biodiversité que la mondialisation aurait provoqué.

En réalité, tout cela n’est qu’une occasion pour faire réapparaître sur le marché médiatique des solutions extrêmes qui ne sont que le recyclage de vieilles utopies du XXe siècle. Accuser la mondialisation, n’est-ce pas fuir le réel problème et poser un mauvais diagnostic ?

Des pandémies qui frappent l’espèce humaine ? La peste, la grippe espagnole dans les années 1920, le SRAS en 2005 sont des exemples concrets qui prouvent que les crises sanitaires mondiales existent. La seule nouveauté, c’est leur vitesse de propagation. Après tout, les virus n’ont pas attendu la mondialisation pour faire le tour du globe. Le virus de la grippe de Hong-Kong à la fin des années 60 a mis un an pour faire le tour du monde.  Mais il l’a tout de même réalisé !

L’histoire montre que les nombreuses maladies affectant l’espèce humaine ne sont pas nées d’hier. Comme dans tous systèmes biologiques, la stabilité, ou même un pseudo équilibre naturel, n’existe pas. Les bactéries et les virus ne sont pas des organismes figés. Ils mutent…

Nos sociétés ont cherché à se prémunir de ces maladies en s’appuyant sur la connaissance scientifique pour en réduire l’impact voire pour éradiquer le risque. L’exemple de la variole, ou petite vérole, est significatif. Cette maladie extrêmement contagieuse fut éradiquée de la planète par la mise en place de campagnes de vaccination. Claude Malhuret, Sénateur de l’Allier, médecin et ancien président de Médecin Sans Frontière le rappelle dans une forte intervention du 4 mai 2020 lors du débat sur le plan de déconfinement au Sénat.

Certes, les nombreuses maladies humaines se développent d’autant plus vite que les échanges s’accélèrent et que les frontières politiques ou administratives sont perméables. Mais ces maladies n’ont que faire du souverainisme, du libéralisme économique ou de la mondialisation. Les frontières peuvent ralentir une propagation et mieux la gérer (ce qui n’est pas rien) mais jamais la stopper complètement.

Prenons un exemple typique, celui des maladies par vecteur (insectes) comme la dengue qui n’a eu aucun souci pour se propager. Celle-ci fait des ravages en Amérique centrale tout comme dans les Antilles française avec plus de 6 000 cas recensés. Sans oublier le moustique tigre. Potentiel vecteur du chikungunya, de la dengue et du Zika, cet insecte est durablement « implanté et actif » sur le territoire national. Ce n’est plus un problème réservé aux seuls Dom Tom.

La sécurité alimentaire en première ligne

N’oublions pas que les propagations de virus touchent en premier lieu le secteur agricole. Celui-ci doit faire face à des risques qui ne cesse d’évoluer ! A titre d’exemple, l’Italie, avec la bactérie qui tue les oliviers ou la France face au virus de la tomate et à la nouvelle maladie qui touche les pommiers… Déjà lorsque le mildiou de la vigne (1878) et de la pomme de terre (1845) ou le Phylloxéra (1865) sont apparus en Europe au XIXe siècle, il s’agissait déjà des manifestations de la mondialisation.

Dans le secteur de l’élevage, les enjeux sont similaires. Pensons à la peste porcine : cette maladie animale n’affecte en rien l’espèce humaine mais nous touche indirectement par le biais de notre alimentation. Elle s’est déclarée depuis plus de trois ans en Chine. Elle a depuis, atteint la Belgique. Le sanglier en est responsable. Depuis plusieurs années l’Europe essaie de la contenir au maximum : une frontière a d’ailleurs été établie en Belgique. Pourtant, rien ne dit que la peste porcine ne continue pas de se propager…

De la même façon, d’autres maladies humaines mais aussi animales ont été circonscrites. C’est le cas de la brucellose, maladie des vaches qui impacte aussi l’homme (maladies fortement handicapante) a été éradiquée par des mesures extrêmement rigides : l’abattage des animaux en faisant partie.

Dans une récente conférence du 14 janvier 2020, Monique Eloit, directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé animale ajoute une donnée essentielle : « une personne sur cinq dans le monde est impliquée dans l’élevage, l’économie des familles est impactée par la santé vétérinaire ».

L’expérience nous apprend que toutes ces maladies qui impactent les animaux d’élevage et parfois l’Homme réclament de la discipline. Au cours de cette même conférence, Joël Limouzin, vice-président de la FNSEA et président du Fonds national agricole de mutualisation du risque sanitaire et environnemental (FMSE) rappelait la difficulté à mettre en place et à faire respecter des règles de bio-sécurité. Pour le cas de la peste porcine le lien avec les chasseurs n’est pas toujours évident pour réguler la population de sanglier mais le manque de coordination est aussi présent à l’intérieur même de la profession. Car la solution optimale pour limiter l’impact d’une crise porcine serait de confiner tous les élevages de porc. Ce qui est difficilement applicable.

La crise récente nous rappelle aussi le lien entre la consommation de viande et la diffusion d’un virus et ce notamment en Chine. Celle-ci est puissance mondiale dotée d’une sécurité alimentaire défaillante. C’est bien à ce niveau-là qu’il faut agir. Avant toute chose.

De la transparence et de la gouvernance

Lors de toute crise sanitaire, il est de bon ton de nommer un bouc-émissaire. Les Etats-Unis en ont finalement trouvé : haro sur un laboratoire de recherche chinois et sur l’OMS.

Que l’absence de transparence du gouvernement chinois soit dangereuse et que l’action de l’OMS doive être interrogée est indéniable.

Mais cette crise démontre aussi que seule une gestion du risque coordonnée au niveau mondial est pertinente.

Finalement, le réseau d’alerte mondiale a fonctionné : dans un délai relativement record, l’identification génétique du virus a été établie. Même s’il est évident que la Chine n’a pas tout dit !

Certains pourraient regretter un Etat fort ou autoritaire. Pourtant, dans nos démocraties l’information et des choix librement consentis sont essentiels.  C’est la responsabilisation individuelle et collective qui doit prévaloir et qui sera le plus efficace des remparts.

Une seule solution, la recherche et le développement de la surveillance des risques sanitaires et biologiques

Les solutions à toutes les questions soulevées par la crise sanitaire actuelle viendront d’une certaine forme de mondialisation. Car la recherche scientifique ne peut reposer que sur des échanges et un dialogue au niveau mondial.

Dès les premières heures de la crise, suite aux alertes sanitaires, la recherche d’un vaccin a été lancée au plan mondial avec une grande diversité d’approches. Là est la richesse de la mondialisation.

Le dénombrement des projets par nationalité n’a aucun intérêt sauf à être un indicateur de capacité de recherche mais, c’est la masse des investissements et la coopération internationale qui compte.

A l’aune du projet de coopération médicale Discovery pour lutter contre le COVID 19, il apparait que l’Europe d’aujourd’hui n’est pas la plus performante. Jouer solo n’est pas efficace. Seule l’Europe unie peut encore avoir une place significative. Elle seule peut réunir les connaissances scientifiques indispensables pour définir des moyens de lutte et mettre en place une coopération politique pour la gestion du risque.

Conclusion

Les grandes démocraties européennes ne doivent pas se tromper d’objectif : pour gérer une crise, il faut du dialogue et de l’information.

Mais comment être dans le dialogue et l’échange avec un pays comme la Chine qui contrôle ses informations et les censure ? Il y a urgence : le Covid19 n’est pas la première grande crise qui vient de Chine.

Si la Chine n’est pas prête à jouer le jeu,  alors nous devrons envisager la fermeture de nos frontières et ainsi nous protéger de son comportement à risque.

Concernant l’Union européenne, il est utile de rappeler l’importance de la science comme guide pour les décisions politiques. Cette crise nous montre d’ailleurs qu’il manquait réellement un maillon de gouvernance sur les sujets de la santé sans lequel nous n’avons pu nous organiser.