Avec la guerre en Ukraine, les objectifs fixés par la stratégie agricole Farm to Fork semblent compromis. Il ne faut pas pour autant renoncer à l’ambition écologique, écrit Olivier Babeau, mais se donner le temps de pouvoir nous adapter.

Olivier Babeau
Olivier Babeau est fondateur de l’Institut Sapiens, chroniqueur aux « Echos ».

La stratégie européenne agricole à l’horizon 2030, plus connue sous le nom de « Farm to Fork », était la déclinaison ambitieuse du Nouveau Pacte vert européen. C’est peu dire qu’elle est gravement affaiblie, avant même son entrée en vigueur prévue en 2023. Les prochains mois seront essentiels pour essayer de surmonter les injonctions contradictoires dans lesquelles elle est empêtrée.

Le conflit ukrainien déséquilibre profondément le monde agricole. La mondialisation des échanges avait fait que l’alimentation ne paraissait plus un sujet. Désormais, la grande interdépendance des pays en ce domaine (comme dans bien d’autres) pose un grave problème. Nous nous rendons compte que les approvisionnements en semences et en engrais risquent de faire défaut. Pire encore, notre autosuffisance en céréales ne semble pas aussi solide qu’on avait pu le croire.

Une adaptation du rythme

Dans ce contexte nouveau, la stratégie Farm to Fork, fondée uniquement autour de l’ambition écologique, semble bancale. Les études d’impact réalisées avant le bouleversement provoqué par l’invasion russe étaient sans appel : recul de la production et des exportations, hausse importante des prix, baisse des revenus des agriculteurs et absence de gains réels en matière d’émission de CO2 (car les émissions évitées se retrouvent dans les importations). Les propositions de plan stratégique faites par la France pour l’application de la stratégie Farm to Fork viennent d’être critiquées par la Commission. La France devrait rendre bientôt une nouvelle copie.

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