La part de la motorisation diesel dans les immatriculations s’élevait à 55%, selon les derniers chiffres du Comité des constructeurs français d’automobile. Les récents scandales liés aux dispositifs dont sont équipés les véhicules de certaines marques se sont ajoutés aux considérations liées aux effets délétères des « particules fines » émises par les moteurs à diesel.

Le diesel et les feux de cheminée…

Le diesel ne produit presque pas de CO2 l’un des principaux gaz à effet de serre Et environ 19 % du total des particules fines sont émises par les automobiles, contre, par exemple le chauffage des bâtiments — à cause du fioul et du bois — avec 39%.

De plus en plus montré du doigt dans les épisodes de pollution atmosphérique, le diesel fait actuellement l’objet de vives critiques. Certains dénoncent son rôle dans l’apparition de crises d’asthme, de cancers du poumon ou encore de maladies cardio-vasculaires. Ce serait naturellement un véritable motif de réaction si ces faits étaient avérés, et confirmés par la médecine.

Opinion de Panurge

Or comment mieux illustrer notre propre inquiétude (celle d’un panurgisme de l’opinion) qu’en évoquant le point de vue du Professeur Michel Aubier sur le diesel ? Chef du service de pneumologie-allergologie à l’Hôpital Bichat de Paris, professeur à l’Université Paris VII, membre de l’Unité Inserm U700 « Physiopathologie et épidémiologie de l’insuffisance respiratoire », la caution apportée par le Professeur Aubier nous paraît difficilement réfutable.

Il estimait ainsi dans un article du Figaro que « les particules de Diesel comme d’autres particules fines peuvent être responsables de phénomènes d’irritation bronchique qui peuvent entraîner une réaction inflammatoire et une hyperactivité bronchique. Si la pollution de l’air a été largement incriminée dans l’augmentation de la prévalence de l’asthme et des manifestations cliniques d’allergies, la cause de cette augmentation n’est pas réellement déterminée. La fréquence similaire de l’asthme dans les pays “propres” du nord de l’Europe et dans les pays pollués de l’Europe de l’Est, indique même que la pollution de l’air serait plutôt un facteur aggravant qu’un facteur causal direct ».

« Le problème actuel, est celui d’une diminution de la pollution liée aux transports dans sa globalité, plutôt qu’une focalisation sur les émissions des moteurs diesel, compte tenu de l’évolution de la technologie » explique le pneumologue.

Un faible risque relatif

S’agissant du caractère cancérigène du diesel, classé comme tel par le Centre international de recherche contre le cancer, il ressort des milliers de publications parues sur le sujet qu’il n’existe qu’un « faible risque relatif (multiplié par 1,2) de cancer du poumon pour des personnes ayant une exposition professionnelle aux particules diesel », contre un risque multiplié par 16 pour les fumeurs. « Sur le plan expérimental, seules des concentrations supérieures à 100 fois la concentration de particules atmosphériques de diesel entraînent un cancer du poumon sur une seule espèce de rongeur, le rat« , précise Michel Aubier, dans l’article du quotidien. Fermez le ban.

Pas plus qu’un autre moteur

Si la médecine, en la personne d’un de ses représentants éminents, relativise à ce point les bulletins d’alerte sur le diesel, qui croire ? Les motifs vertueux des lanceurs d’alerte sont-ils vraiment aussi gratuits que nous sommes invités à le croire ? Des filtres en conformité avec les normes Euro 5 permettent désormais de diminuer considérablement l’émission de particules fines. S’il s’agit de jeter l’oprobre sur un carburant, il reste encore à démontrer que le diesel moderne ne pollue pas plus qu’un autre moteur. En attendant le tout électrique, quand des solutions permettront d’en équiper à un coût raisonnable l’ensemble de nos concitoyens.