Y a t-il une expertise populaire au-dessus de tout ? Malheureusement pour la science, la démocratisation de la prise de parole dans l’espace public ne correspond pas à la démocratisation des connaissances et des savoirs scientifiques. Les médias, dont certains se sont transformés en robinet plus qu’en filtre (en revenir à la notion de médiation), donnent la parole à toutes les voix sans distinction de qualification et de savoir. Pourtant, les processus d’innovation, comme toutes les formes de recherche, se situent entre le savoir et le non-savoir pour reprendre la formule de Karl Popper. Par définition, la recherche porte sur ce qui est ignoré. Avant même de savoir si elle peut être utile, peut on confier à un tribunal de citoyens auto-proclamés compétents que son objet est inutile, voire nuisible ?

Il faut contester la pertinence du modèle populaire pour qualifier telle ou telle connaissance, au moins au nom du progrès scientifique. On commence par soumettre à un référendum digital telle ou telle mesure au mépris des règles de représentation démocratique et on finit par contester la légitimité de ceux qui cherchent, au motif cette fois qu’ils ne seraient pas légitimes.

La maîtrise du savoir est un long chemin semé d’embûches. Les chercheurs français sont aussi formés à la philosophie et aux sciences dites de l’artificiel ; Ils travaillent en conscience. Par surcroît, beaucoup d’entreprises se sont engagées dans un parcours de co-production avec les autorités sanitaires du pays. Il faut faire appel à l’intelligence, pas à la peur. La vox populi qui décrète l’intérêt de la recherche ou qui l’interdit est un des défis de notre temps. Pour que la société reste ouverte à l’esprit de découverte, il faut plus que jamais donner l’avantage à l’innovation.

Pascal Perri

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